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Topinambours et Billevesées FO/tuppl*

Déboulonneurs et barbouilleurs en procès

2 Novembre 2006 , Rédigé par JCR Publié dans #La France d'après


Un déboulonneur ne paraît pas peser bien lourd face à la machine publicitaire. Il semble pourtant qu'il soit à ce point dérangeant, dangereux (et vice-versa), pour qu'on le traîne devant les tribunaux. A la suite d'une action de barbouillage, samedi dernier, 28 octobre, six d'entre eux sont convoqués devant la 29e chambre du tribunal correctionnel de Paris.

La clémence des peines infligées lors d'un premier procès du genre, à Montpellier, en juillet dernier a déclenché l'ire des patrons de pub. Il est à craindre que les suivantes soient plus sévères. La pub craint-elle donc tant que l'étincelle de lucidité, qui couve dans notre temps de cerveau disponible, ne devienne la torche d'une prochaine libération ?

Sa hyénitude montre, clairement, la fragilité de l'écran mensonger qu'elle tisse devant nos yeux rouges, en ricanant. Un seul grain de sable, un seul cheveux devant l'objectif du projecteur, suffit à casser l'illusion. Aussi joignons-nous à Yvan Gradis et aux collectifs de déboulonneurs et casseurs de pubs en scandant avec eux : Détrônons les étrons !

On peut aussi lui envoyer un petit mot de soutien à l'adresse ci dessous:
Yvan Gradis (correcteur de textes et de paysages), 67, rue Saint-Jacques, 75005 Paris.


Voici le courrier que vous pouvez trouver sur le
blog anti pub.

Chers amis,

après 25 ans et 17 jours de lutte antipublicitaire (je suis devenu publiphobe le 11 octobre 1981), après 5 ans et 281 jours de lutte non-violente au grand jour (je suis devenu barbouilleur le 20 janvier 2001), après 11 mois et 28 jours de participation au collectif des déboulonneurs (qui veut déboulonner la publicité au sens figuré), j’obtiens enfin le procès que je désirais tout en le craignant:

Qu’ai-je fait pour cela ? Hier après-midi (samedi 28 octobre), j’ai barbouillé un (trop) grand panneau publicitaire sur la façade de la gare d’Austerlitz (en bas du boulevard de l’Hôpital, Paris). Avec une bombe de peinture, j’ai écrit: “Détrônons les étrons.” À mes côtés, il y avait six autres barbouilleurs, et pas loin d’une centaine de sympathisants et journalistes, ainsi que deux élus parisiens, dont un adjoint au maire de l’arrondissement, en écharpe tricolore! Et cinq fourgonnettes de police pour escorter le grand car blanc qui nous a avalés, mes six compagnons et moi. (La police était là, parce que la presse, alertée par nos soins, avait tout annoncé.).

Qui sont mes compagnons ? À part un que je connais à peine, ces membres du Collectif des déboulonneurs sont, j’en réponds, des personnes dignes, responsables, intelligentes, aux convictions profondes, au désintéressement total, et surtout au comportement non-violent. Nous n’avons pas honte d’être des idéalistes! Et nous rêvons tous d’un monde où les affiches, plutôt que de nous agresser à chacun de nos pas, seraient moins nombreuses et ne dépasseraient pas le format 50 x 70 cm (notre principale revendication). Au bout de quatre heures passées au commissariat (où j’ai déclaré à l’officier qui m’interrogeait que j’avais commis cet acte de “légitime réponse” en vue d’obtenir la Légion d’honneur!), chacun a reçu sa convocation devant le tribunal correctionnel.

C’est donc le parquet qui nous poursuit. L’afficheur (Clear Channel, géant américain), un modèle de civisme et de respect de la loi, c’est bien connu, se portera-t-il partie civile pour nous réclamer des dommages-intérêts (ça coûte cher, une éponge et un seau d’eau…)? Nous le saurons bientôt. Ce ne sera pas le premier procès du Collectif des déboulonneurs. À Montpellier, en juillet dernier, deux barbouilleurs ont écopé deux cents euros avec sursis. Une “victoire” qui a déclenché la colère d’un patron de l’agence Publicis (voir Le Publiphobe n° 97, que je peux vous adresser sur demande). Et le 8 décembre prochain, à Alès (Gard), deux autres barbouilleurs passent en justice.

Que pouvez-vous faire ? Adoucir le traumatisme que constitue forcément un procès, en m’adressant un mot de soutien, pour me dire combien vous trouvez notre démarche légitime. Si à ce mot, vous souhaitez ajouter une déclaration publique, même très courte, je joindrai celle-ci aux autres pour constituer, tout début janvier, une espèce de livre d’or public. Si vous avez du crédit auprès de la presse, rien ne vous empêche d’écrire de beaux articles enflammés pour nous soutenir! Enfin, un baiser ou une poignée de main, dans la salle des pas perdus du Palais de justice, m’aideront à affronter mes juges… En confiance et avec mon amitié.

Yvan Gradis (correcteur de textes et de paysages), 67, rue Saint-Jacques, 75005 Paris (01 45 79 82 44).
Pour envoyer un chèque de soutien: “Collectif des déboulonneurs”, 24, rue Louis-Blanc, 75010 Paris.
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