Compost et lombrics
17 Mars 2006 , Rédigé par Jean-Christophe Robert Publié dans #Archives jardin
J'ai répandu le compost sur la terre fraîchement tournée. J'adore ça, c'est un des trucs que je préfère au jardin. Je trouve là, une des tâches les plus dignes du jardinier. Cette matière très sombre, presque noire est le résultat de six mois de décomposition de matières organiques. Tout ce qui est biodégradable finit au fumier et devient du compost. Génial !
Ce qui ressemble parfois, à un coin de trottoir au petits matins du festival interceltique de Lorient, avec des bouts de nouilles, des peaux de poulets, des arrêtes de poissons, l'urine du matin, les fleurs fanées, le lait tourné, les odeurs en prime... Bref, ce gros tas gerbe se transforme peu à peu en un humus riche en azote et en lombrics, qui sent bon les sous bois.
Le compost est une véritable usine à lombrics, « Lumbricus Terrestris » (ne pas confondre avec la Lumbroso Danielis qui n'évolue pas dans le même fumier), embranchement des Annélides, corps cylindrique, boyau vivant. J'en ai de toutes les tailles, ils se faufilent dans chaque motte, se tortillent dans la moindre épluchure. Jeunes, ils arborent une magnifique teinte rouge. Ils gigotent comme des asticots cocaïnomanes, ils ne supportent pas la lumière et le froid les rend tout rigides (contrairement à l'homme...). Plus vieux, ils s'étirent avec une certaine majesté nonchalante, les mouvements sont moins vifs mais ils dégagent une puissance de tunnelier. La masse des lombrics représente 80% de la masse animale globale, c'est fou ! ça pèse entre 1 et 5 tonnes à l'hectare : une source de proteine non-négligeable, "mmmh".
Séchés au four et pilés dans du miel ça peut passer, mais il n' y aura bientôt plus de miel d'façon, les abeilles sont en train de crever.
Le résultat de l'action combinée de la digestion des lombrics, de l'air, de la température et de l'eau donne un beau compost. Une mini centrale chimico-organique qui chauffe parfois jusqu'à 60° quand le processus fonctionne à plein. Il faut le déplacer une fois pour ça, le conserver humide toujours et voilà. Jadis les chiottes étaient dehors, retour direct à la source. Le cercle vertueux naturel était respecté. Le monde moderne évacue les merdes loin du béton, à grands coups de seaux d'eau pour ne pas les voir, comme si on avait honte de chier. L'eau est pourtant précieuse, le scandale de sa répartition inégalitaire ne fait que commencer.
Le tunnel, provient de chez Lidl©. Pas cher, pas solide, les cerceaux sont de la pure daube mais bon, vraiment pas cher. Les salades vont bien et je confirme la sortie des poireaux.
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