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Topinambours et Billevesées FO/tuppl*

Rentrée sans marques 2006

31 Août 2006 , Rédigé par JCR Publié dans #A wonderful world

Clic pour l'affiche
Pas de marques ostensiblement distinctives dans les écoles


Pendant quinze ans, un logiciel d'initiation à la lecture a été offert gratuitement par Pepito, et même proposé au téléchargement sur le site de l'académie de Paris. Soixante mille enseignants l'ont téléchargé. Pourquoi les industriels élaborent-ils des malettes pédagogiques comme outils pour la maternelle ou le collège? Quel intérêt trouvent ils à entrer dans l'école?
Allez, on connaît la réponse à toutes ces questions posées par Nathalie Sapena, dans son article sur une "rentrée sans marques", sur le site Casseur de pub (aussi dans les liens). Depuis plusieurs années, des marques ont investit l'école, et pas seulement aux Etats Unis.
Sous le nom de marketing scolaire, Colgate et son lapin, le Docteur Quenottes, ou Pépito et son petit mexicain, et bien d'autres marques, profitent à l'école d'un lieu idéal d'exposition.  Elles proposent des kits et des malettes pédagogiques, réalisées, à grand soins, par des équipes publicitaires, sous les conseils avisés et vénaux (zavizé-zévénô?) de psychologues et autres pédo-spécialistes. Une circulaire publiée au Bulletin officiel du 5 avril 2001(pdf), précise prudemment que: Les maîtres et les élèves ne peuvent en aucun cas servir directement ou indirectement à quelque publicité commerciale que ce soit . Cependant le document s'intitule: Code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire !?!

Illustrations, Rentrées sans marques, 2001-2005, Casseurs de pub


Voila un bel exemple de fait accompli, le loup est donc déja dans la bergerie mais il a obligation de bien se conduire? Les déclarations de bonnes intentions (à paver l'enfer) peuvent s'envoler comme les P'tits papiers. D'autant plus que les multinationales se refusent à toute concurrence (Colgate, les enfants du primaire et Signal ceux du collège), pour éviter un risque de brouillage du message dans les jeunes cerveaux, sans doute. L' école est censée être protégée par un principe de neutralité commerciale. La circulaire prévoie néanmoins que des logos discrets pourront apparaître, les mallettes, partenariats et jeux concours, sont autorisés à condition d'avoir un intérêt pédagogique. (genre "Le juste prix"?, c'est pourtant interressant et éducatif de connaitre les prix).


Il revient aux professeurs de s'assurer de l'intérêt pédagogique de ces documents et de prendre la décision de l' utilisation de ces outils. On pourrait y voir un certain courage administratif qui fait peser la responsabilité du choix sur le prof, souvent sollicité et qui doit répondre aux impératifs
"d'éducation à la consommation dès l'école maternelle, puis tout au long de la scolarité,  pour assurer au jeune consommateur une formation à la responsabilité et à l'autonomie" comme l'indique une circulaire de 91, car ça circule pas mal sur ce sujet. Avec les moyens limités que sont ceux des établissements scolaires, "Il appartient aux professeurs de s'assurer de l'intérêt pédagogique de ces documents, notamment de leur caractère attractif et innovant."

Attractif ? innovant ? on pourrait se croire à une scéance de brainstorming chez Séguéla ou à un cour de packaging de Raffarin. Le matériel est souvent le bienvenu avec ses jolies couleurs dans les classes mais également dans beaucoup de familles.
Depuis quelque temps, la qualité pédagogique du matériel de marketing scolaire est bien meilleure, parfois même excellente. Il existe encore quelques producteurs qui font de la publicité, mais cela relève de l?incompétence, explique Christophe Bernès, responsable de la pédagothèque de l' Institut national de la consommation, organisme qui évalue l' intérêt et l' aspect publicitaire des kits pédagogiques. Ce n' est pas une bonne nouvelle ! L'art de la propagande ne cesse de s'affiner et bien malin qui discernera la patte du loup sous la blancheur du dentifrice. Les marques veulent des consommateurs dociles. Monsieur Pepsi-Coca veut du temps de cerveau disponible. Nul doute que Monsieur Pépito-Colgate ne lui en prépare.

Ils en parlaient l'autre soir chez les Nestlé-Danone. Ils se connaissent bien, ils ont usés vos fonds de culottes sur les bancs des usines de papa... Pis ils jouent au golf ensemble, aussi, le dimanche.
L' école est bien l' un des verrous stratégiques pour réussir ce qui compte le plus aux yeux des entreprises, la fidélisation des clients et créer un attachement nostalgique à la marque. "Le cerveau d' un enfant continue à se construire jusqu' à sept ans, et c' est le cortex préfrontal, zone impliquée dans les choix de consommation, qui se développe en dernier". Conclue Nathalie Sapena, journaliste et auteur de L' enfant jackpot (Flammarion, 2006), qui, j'espère ne m'en voudra pas d'avoir résumé, découpé, paraphrasé et commenté son article.


Lettre à adresser à son député

Les associations Casseurs de pub et Résistance à l?agression publicitaire ont envoyé en juillet 2006 cette lettre aux 54 députés qui avaient déjà alerté le gouvernement au sujet de la publicité à l?école en adressant à ce dernier des questions écrites. Nous vous encourageons à copier cette lettre et à l?envoyer au député de votre circonscription (*).
Télécharger la lettre (PDF)

Casseurs de pub , Résistance à l'agression publicitaire
À Mesdames et Messieurs les Députés
Ayant déposé une question écrite relative à la publicité en milieu scolaire et au « code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire ».
Madame la Députée, Monsieur le Député
Les pratiques publicitaires et commerciales ne cessent de se développer au sein même de l'École.
Interrogé à de nombreuses reprises sur ce sujet par des élus, des citoyens et des organisations, le ministre de l?Éducation nationale assure que la législation en vigueur est satisfaisante et que la neutralité scolaire est respectée.
Nous constatons pourtant que les intrusions publicitaires sont de plus en plus fréquentes dans notre système éducatif et que la neutralité scolaire est aujourd?hui en péril (1).
Parmi les « dérives » relevées cette année, citons par exemple :
- La « mallette d'animation » contre l'obésité proposée dans les collèges par Nestlé !
- Les tapis de souris publicitaires avec les logos des « partenaires » distribués dans les écoles à l'occasion de la campagne du ministère, « Sur la toile, méfie-toi des pièges ! »
- Un concours d'écriture associant le logo du ministère de l'Éducation nationale à celui des centres E. Leclerc.
- Des « gratuits » publicitaires diffusés dans les établissements (CITATO, Imagine ton futur).
- L'opération commerciale de Microsoft, qui, via la délégation aux usages de l'Internet du ministère de l'Éducation nationale et sous couvert de « porter la bonne parole sur la sécurité informatique », organise une campagne publicitaire dans les écoles dès la maternelle.
Nos associations s?insurgent contre ces pratiques qui bafouent les principes fondamentaux de l'École en soumettant les élèves et l'institution scolaire aux puissances publicitaires et mercantiles. Faut-il rappeler que le système publicitaire est contraire à tout principe éducatif, contraire à l'exercice de l?esprit critique et à la formation de citoyens libres ?
La publicité n'a pas à entrer à l'école, dont elle ne peut que dévoyer la mission.
La législation actuelle ne permet nullement de garantir la neutralité scolaire. Les exemples en sont aujourd?hui nombreux, le « code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire » (circulaire n° 2001-053 du 28 mars 2001) s?inscrit dans une orientation marchande de l?École (2).
La prochaine année scolaire sera aussi l'année d'échéances électorales importantes.
Il nous semble indispensable qu'à cette occasion un débat s'instaure sur ces questions essentielles pour l?avenir de l?École et plus largement pour l?ensemble de notre société.
C'est pourquoi, connaissant votre attachement à l'École et à l'indispensable respect du principe de neutralité, nous vous demandons de bien vouloir intervenir en ce sens.
Nous sommes bien évidemment à votre disposition pour tout contact et vous prions d'accepter, Madame la Députée, Monsieur le Député, l'expression de notre considération.
1 - La revue de l?Institut national de la consommation (INC) a publié, dans son numéro de janvier 2006, une enquête détaillée sur cette question, « École, l'invasion sournoise de la pub ».
2 - Nous sommes, avec d?autres organisations, signataires d'un manifeste qui demande l'annulation de cette circulaire.
Rappelons que le ministère avait fait valoir l?application de ce « code » pour légitimer l'organisation du jeu du CIC dans les établissements, organisation jugée illégale le 1er juillet 2004 par le tribunal administratif de Cergy-Pontoise.

Des extraits du jugement et le texte du manifeste pour l?annulation du « code » sont consultables sur le site de R.A.P. : www.antipub.net
(*)Vous pourrez retrouver le nom de votre député sur le site de l'assemblée nationale
Tous les courriers aux députés peuvent être simplement adressés à M. ou Mme - nom du député -, Député(e) de - nom de la circonscription ou du département - Assemblée nationale, 126, rue de l?Université, 75355 Paris 07 SP.



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